L’agriculture métropolitaine tend à ressembler à celle d’outre-mer

L’Association A.P.E.T.T.I.T revient vers vous en cette nouvelle année suite au mouvement de contestation actuel des agriculteurs métropolitains dont la situation commence à ressembler de plus en plus à celle de leurs homologues ultra-marins.

A ce titre, l’association s’étonne pour l’heure du silence du monde agricole calédonien face à cette détresse dans la mesure où tous deux partagent un grand nombre de points communs.

En effet, entre 1990 et aujourd’hui, le nombre d’exploitations est passé en France de près de 900 000 à 300 000En Nouvelle-Calédonie, durant cette même période, la population agricole est passée de 40 000 à moins de 10 000.

Près de 20% des agriculteurs métropolitains vivent sous le seuil de pauvreté. En Nouvelle-Calédonie, c’est près de 40% de la population totale, essentiellement mélanésienne et vivant d’une agriculture de subsistance qui se retrouve sous ce seuil.

Si le taux de d’autosuffisance alimentaire est passé au début des années 2000 en France de 120% à 80% aujourd’hui, il est en Nouvelle-Calédonie de seulement 15%.

Si le diagnostic est le même, les solutions sont également identiques, à savoir :

– de mieux réguler pour ne pas dire réduire les importations ;

Ébauché au sein d’un de ces articles1, l’association prône un contrôle à l’instar du modèle suisse qui au travers de son Office Fédéral de l’Agriculture (OFAG) permet à la production agricole suisse de bénéficier d’un système de protection à la frontière en 2 phases :

Phase administrée: c’est la phase de pleine production en Suisse, pendant laquelle les légumes importés sont frappés de droits de douane. Quand la production indigène couvre la demande, il n’est possible d’importer qu’au taux hors contingent, en général très élevé. Si la production suisse ne parvient pas à couvrir la demande, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) peut libérer des contingents d’importation à des tarifs douaniers plus bas. La branche évalue deux fois par semaine les contingents à libérer. Ce système permet de réagir rapidement aux fluctuations de l’offre pour répondre à la demande.

Phase non administrée: quand un légume n’est pas disponible en Suisse et en période hors saison, on a le droit d’importer sans restrictions ou sans droits de douane. Les phases se basent sur les négociations du cycle d’Uruguay à l’OMC2.

– de réduire pour ne pas dire annuler les coûts énergétiques ;

Un grand nombre d’exploitation se retrouve fortement handicapée dans leurs coûts de production par le volet énergétique alors que des outils existent déjà (centrales de biogaz, biocarburant, panneaux photovoltaïques, …) permettant aux exploitants de pouvoir produire eux-mêmes du gaz, de l’électricité, des engrais voir même du carburant, grâce aux produits de leurs fermes, et cela non seulement pour leurs exploitations mais également pour les autres (particuliers, entreprises, collectivités). Les déchets agricoles devenant ainsi une ressource. Encore faut-il que l’Etat autorise cela en leur permettant de produire de l’électricité, du gaz et du carburant et ainsi de concurrencer des multinationales françaises assises sur des monopoles.

– de mettre en place une “justice sociale” au travers du revenu universel ;

Ce revenu permettrait ainsi aux exploitants agricoles actuels mais aussi à la retraite de vivre décemment avec un revenu garanti et non pas avec des aides dont plus de la moitié des agriculteurs ne les réclament même pas.

– de faire évoluer l’Union Européenne.

En effet, concernant l’UE, les nombreuses critiques dans un grand nombre de secteurs montre qu’il convient de passer à la seconde étape qu’avait penser ses fondateurs à savoir un système fédéral, faisant évoluer la confédération actuelle qui ne devait être que temporaire dans le temps permettant par là même de mettre fin à la guerre économique continue entre les Etats qui la compose depuis sa création pour se diriger vers une entité unique où les 27 états la composant ne ferait plus qu’un et ainsi avoir une véritable politique agricole commune européenne.

En espérant que le conflit mené par les agriculteurs trouvent une solution pérenne et permettre de renverser une situation actuelle qui les mènerait à connaître le même sort que leurs collègues ultra-marins.

1Une vision pour soutenir l’agriculture et l’industrie locale – APETTIT